• Grippe A : des médecins critiquent l'usage systématique du Tamiflu®

    Grippe A : des médecins critiquent l'usage systématique du Tamiflu®

    La semaine dernière, les autorités sanitaires françaises ont recommandé l'élargissement de la prescription des antiviraux, tels que le Tamiflu®, à tous les patients grippés. Ces médicaments sont désormais disponibles gratuitement en pharmacie, sur prescription médicale. Plusieurs organisations de médecins critiquent cette stratégie.

    Le principal argument des autorités sanitaires pour la prescription systématique des médicaments antiviraux, repose sur la diminution des complications et formes graves de la grippe H1N1. Or, "les données disponibles pour la grippe saisonnière ne sont pas en faveur de l'utilisation systématique des antiviraux pour les patients présentant des signes cliniques de grippe" souligne le Collège national des généralistes enseignants (CGNE). En effet, une étude scientifique vient de remttre en cause l'efficacité du Tamiflu® dans la réduction des complications et des cas graves de grippe H1N1. L'organisation médicale ne recommande donc pas l'usage systématique des antiviraux.

    Par ailleurs, le Formindep, un collectif de médecins pour l'indépendance de l'information médicale, a adressé hier une lettre ouverte au Directeur général de la Santé, le Pr Didier Houssin. "Ces recommandations sont en contradiction avec les données scientifiques fiables actuellement portées à notre connaissance" indique le collectif, citant à nouveau l'étude qui fait polémique. "L'oseltamivir n'a jamais démontré aucun effet sur la diminution de la mortalité ni le taux d'hospitalisation des personnes atteintes d'un syndrome grippal à l'exception d'une méta-analyse entièrement contrôlée par le laboratoire Roche commercialisant le Tamiflu®" note le Dr Philippe FOUCRAS, Président du Formindep.

    En réponse à ces réactions, Didier Houssin s'est justifié hier en conférence de presse. Selon lui, "cette recommandation de l'élargissement de la prescription des antiviraux vise à limiter les conséquences d'une grippe pandémique dont on a vu déjà les impacts". Il cite également des observations faites au Chili et en Argentine. Le taux de mortalité de la grippe A serait beaucoup plus faible au Chili, où l'utilisation des antiviraux était large, qu'en Argentine où ces traitements étaient réservés aux cas graves. Le directeur général de la santé a également précisé que "la pharmacovigilance concernant les antiviraux ne met pas en évidence d'effets indésirables importants et donc c'est un élément qui encourage à leur utilisation".

    Des arguments insuffisants pour le CNGE qui revient à la charge. Selon l'organisation, la prescription massive d'antiviraux pourrait provoquer "plusieurs millions d'effets indésirables dont certains graves", tels que des nausées ou vomissements, des douleurs abdominales, des troubles du sommeil et, très rarement, des effets neuropsychiatriques graves (0,5 %). De même, le CNGE estime que les données provenant d'Amérique du Sud n'ont "aucune valeur scientifique", et demande à Didier Houssin "de dévoiler les arguments scientifiques et les niveaux de preuve sur lesquels s'appuie ce changement soudain de recommandation".

    Michel Chassang, le président du premier syndicat de médecins libéraux, la CSMF, s'est lui aussi indigné de cette décision. "Nous passons d'une stratégie de prévention à un système curatif, c'est regrettable. C'est la preuve que le système organisationnel de vaccination a été contre-performant, et maintenant on vide les stocks de Tamiflu® pour ne pas se ridiculiser" a-t-il confié au Monde.

    Sarah Laîné

    Source :
    Conférence de presse, ministère de l'intérieur - 15 décembre 2009


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