• États-Unis : la SNCF victime de lobbies juifs ?

    États-Unis : la SNCF victime de lobbies juifs ?

    Le 1er janvier 2011 sera appliquée dans l’État de Californie une nouvelle loi qui, sans la viser nommément, touche directement la SNCF*, future candidate au projet de ligne ferroviaire à grande vitesse entre Sacramento et San Diego. Une loi inquisitoriale clairement pilotée par des lobbies juifs étasuniens.

     Votée au mois d’août à l’initiative de l’élu démocrate Bob Blumenfield, cette loi impose aux entreprises étrangères candidates à des marchés publics dans l’État de Californie d’expliquer en toute transparence (full disclosure) dans quelles conditions elles ont participé à la Déportation des Juifs et quelles mesures de réparation elles ont prises à l’égard des survivants de l’Holocauste ou de leurs familles.

    Cette loi n’a pas été inscrite par hasard à l’ordre du jour des législateurs californiens : en 2011 doit être lancé par la California High Speed Rail Authority un appel d’offres pour la réalisation et l’exploitation, à l’horizon 2020, d’une ligne de TGV trans-californienne reliant Sacramento à San Diego via San Francisco et Los Angeles. Soit près de 1000 km de liaison ferroviaire pour un budget estimé à 43 milliards de dollars (environ 34 milliards d’euros) destinés au transport annuel de 90 millions de voyageurs.

    Bien qu’il soit actuellement remis en question pour des raisons budgétaires, un autre projet de TGV pourrait voir le jour en Floride pour relier Tampa à Miami via Orlando. Un projet qui passerait lui aussi par un appel d’offres international. Problème : Charlie Crist, le gouverneur républicain de Floride, a déclaré début septembre qu’il entendait faire préalablement examiner le rôle de la SNCF dans la Déportation des Juifs.

    Une initiative approuvée par l’élu démocrate Ron Klein qui, dans une lettre au gouverneur Crist, souhaite ardemment l’exclusion de la SNCF de tout appel d’offres ferroviaire sur le territoire américain au motif que « Les entreprises qui ont participé aux crimes contre l’humanité des nazis, en profitant parfois du génocide, sont à exclure des contrats payés par les contribuables américains ».

    Dans un communiqué du 28 septembre, Ron Klein en remet une couche en affirmant que « La SNCF a eu un rôle direct dans l’Holocauste nazi, en transportant d’innocentes familles juives et d’autres victimes à bord de ses trains ». Autre grief : « Cette compagnie n’a jamais présenté ses excuses pour son attitude inqualifiable, ni payé de réparations aux survivants ». Conclusion de M. Klein : réaliser le projet de TGV de Floride avec la SNCF serait « un recul et une insulte directe aux survivants de l’Holocauste et à leurs familles ». En conséquence, joignant l’initiative législative à l’indignation, Ron Klein déposera prochainement un projet de loi à la Chambre des Représentants visant à écarter la SNCF de tout appel d’offres sur le territoire étasunien.

    La SNCF, en concurrence avec des groupes allemand, espagnol, japonais et peut-être chinois – le gouverneur Arnold Schwarzenegger en voyage à Shangaï s’y est dit très favorable – a évidemment réagi par la voix se son pédégé Guillaume Pépy. « Cette obligation de transparence est légitime. (…) La SNCF n’a rien à cacher » a notamment déclaré M. Pépy qui, en outre, a souligné que l’entreprise était à l’époque sous le joug d’une armée d’occupation, ajoutant que « 2000 cheminots ont été exécutés par les nazis. »

    Qui plus est, à indiqué de son côté Denis Douté, le président de SNCF America, ce sont les Allemands qui ont fourni eux-mêmes les trains de déportation, le rôle de la SNCF s’étant limité, sous la contrainte, à détacher des conducteurs. M. Douté a d’autre part indiqué qu’il existe « une Commission, extrêmement active en France, en Israël et aux États-Unis qui a traité environ 24000 cas et procédé à des indemnisations chiffrées à plus de 550 millions de dollars. Mais (...) tout ce qui est fait, c’est par l’État français qui contrôlait la SNCF. » 

    Les lobbyistes américains ne manqueront cependant pas de souligner que la SNCF a été condamnée en juin 2006 par une juridiction française, le tribunal administratif de Toulouse, à la suite de la plainte déposée par le père et l’oncle du député européen Alain Lipietz, déportés en mai 1944. Une décision pourtant annulée en mars 2007 par la Cour administrative d’appel de Bordeaux, les juges ayant considéré que « la SNCF ne peut être regardée (...) comme disposant de prérogatives de puissance publique. » Bref, soumise à la volonté du pouvoir exécutif en place sous l’Occupation, l’entreprise ne pouvait être tenue pour responsable, contrairement à l’État dont la condamnation en première instance a été confirmée en appel.

    Comment se terminera ce qui apparaît aujourd’hui comme un insupportable et indigne chantage, 66 ans après les dernières déportations de Juifs ? Quelle sera l’attitude des caciques démocrates au plus haut niveau face à la volonté de quelques lobbies intégristes aveuglés par un douteux ressentiment ? Á moins que ces lobbies ne soient en réalité guidés par des intérêts occultes visant à écarter la redoutable candidature du couple SNCF-ALSTOM ?

    En l’état, bien malin qui pourrait dire comment se terminera cet affligeant imbroglio. Mais l’enjeu est de taille car Barack Obama est bien déterminé à lancer dans les années à venir un vaste programme de réseau TGV à travers le pays. Manquer le rendez-vous de Californie serait, à n’en pas douter, un coup très dur porté à la SNCF et à son partenaire ALSTOM dans leurs légitimes ambitions nord-américaines.

     

    * De même, sur le plan aérien, que la compagnie aérienne allemande Lufthansa.

    par Fergus vendredi 1er octobre 2010


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