• Jacques Sapir : Un défaut américain est-il possible ?

     

    un défaut n’est pas, à l’heure actuelle, l’issue la plus probable. Un compromis de dernière minute reste l’issue la plus vraisemblable. Mais, ce compromis ne réglera rien. L’opposition entre Démocrates et Républicain est bien plus qu’une simple opposition politique. C’est un affrontement entre deux cultures politiques absolument contradictoires, l’une centrée sur le développement de l’État fédéral et l’autre sur le repli sur soi. Dans ces conditions, il est peu probable que l’on assiste à un compromis assurant la stabilité à l’État fédéral mais bien plus à un compromis boiteux. Ce compromis boiteux n’aurait pas des conséquences très différentes de celles d’un défaut !

    En effet, les agences de notation dégraderaient à terme (dans les trois mois probablement) la note des Etats-Unis, provoquant une hausse des taux d’intérêts. Les dépenses budgétaires seraient réduites, et des coupes automatiques auraient lieu dans le budget, toutes choses qui auraient des conséquences néfastes pour les contractants, tant les grandes entreprises que les PME, du gouvernement fédéral. L’économie américaine ne bénéficierait pas d’une dévaluation importante, même si le taux de change Euro/Dollar pourrait continuer dans un premier temps à monter jusqu’à 1,38 USD. Enfin, la crédibilité du Dollar comme monnaie internationale serait atteinte, quoi que moins vite que dans le cas d’un défaut.

    Il est ainsi intéressant de voir que la question du défaut, même si elle est éminemment symbolique, n’est pas la plus importante. La croissance des Etats-Unis est très fragile et ne résistera pas à ces crises et psychodrames budgétaires à répétition. La crédibilité du Dollar non plus. Plus ou moins vite, plus dans le cas d’un défaut, moins dans le cas d’un compromis dit boiteux, nous iront vers une crise grave qui remettra en cause tant le système monétaire international que les systèmes régionaux, comme l’Euro. Devant le caractère inéluctable de cette évolution, on peut se demander si l’intérêt bien compris des pays européen ne serait pas dans une dissolution de l’Euro et une alliance avec les pays émergents pour trouver les conditions d’une véritable monnaie internationale de réserve.


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