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Car c’est bien d’une manœuvre dont il s’agit. Il est donc question de construire la candidature d’Emmanuel Macron comme la seule opposition à Marine le Pen, et cela par tous les moyens, des plus odieux aux plus subtils. Mais, ce faisant, il faut amuser la galerie pour que les français cessent de réfléchir. Car, justement, si on réfléchit bien, de quoi Emmanuel Macron est-il le nom ? D’abord, et on l’a dit dans ce carnet, du désastre économique que fut la politique économique de François Hollande, tout d’abord en tant que son conseiller pour l’économie puis en tant que ministre. Une politique qui, rappelons le, s’est traduite par une forte hausse du chômage, venant après celle provoquée par la politique de François Fillon. Ensuite, une politique de soumission aux intérêts allemands dans le cadre de l’Union européenne. François Hollande avait bien parlé de renégociation de traités dans sa campagne, et nous sommes tous témoins qu’il n’en a rien fait. De cela, aussi, Emmanuel Macron est le nom. Enfin, d’une politique que l’on nomme « l’Ubérisation » de la société, et qui aboutit à étendre le statut d’entrepreneur individuel mais non pour favoriser des activités nouvelles ; au contraire, c’est une forme généralisée de sous-traitance individuelle que l’on veut favoriser, forme qui émiettant les travailleurs les rends plus vulnérables et plus démunis face à leurs « donneurs d’ordres ».
Le programme d’Emmanuel Macron est une farce : sur les 38 pages de ce dit programme, 11 sont des photos avantageuses du candidat. Mais son projet existe bel et bien, et l’on a rarement vu de projet aussi régressif pour l’immense majorité de la population en France.
Il reste cependant un problème fondamental. Ce que les dernières péripéties de la campagne de François Fillon démontrent, ce que les trahisons qui entourent celle de Benoît Hamon confirment, c’est un mépris total et violent pour la souveraineté des électeurs, et donc du peuple. C’est un mépris non moins total et violent pour le principe de légitimité dont, comme je l’ai expliqué dans mon ouvrage Souveraineté, Démocratie, Laïcité, découle en fait de la souveraineté.
Nul ne s’en étonnera, si on y réfléchit un peu. La souveraineté, tous ces gens, que ce soient les soi-disant « Républicains » qui ont bien usurpé leur nom tout comme les « socialistes » le leur, la souveraineté donc, ces gens s’en moquent. Et, se moquant de la souveraineté ils se moquent de la démocratie qui est fille de la souveraineté, et ils se moquent du peuple, conçu comme un corps politique. On ne s’étonnera donc pas que la démocratie s’étiole et que le peuple se divise en communautés sur diverses bases, qu’elles soient religieuses, ethniques ou autres. Si nous sommes entrés dans une situation où le mot sécession prend tout son sens c’est bien à cause de ce mépris, qui s’étale devant nous depuis que ces dirigeants, qu’ils soient de « droite » ou de « gauche », ont décidé de piétiner le vote démocratiquement et régulièrement émis par les français lors du référendum sur la projet constitutionnel européen en 2005, il y a douze années de cela.
Les peuples ont de la mémoire. Ils souviennent des bienfaits comme des méfaits commis. Cette élection présidentielle s’annonce comme l’écho assourdi, mais clairement perceptible, du référendum de 2005. Elle est devenue l’heure pour cette classe politique en décomposition de rendre des comptes. Une heure qu’attendent les 55% de français ayant voté « non » depuis maintenant près de douze ans.