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L'Expansion.com avec AFP - publié le 29/06/2012 à 18:39
La Grèce et l'Espagne ont tendance à le masquer. Mais il y a d'autres pays malades dans la zone euro. Le déficit budgétaire du Portugal, sous assistance financière de l'UE et du FMI, s'est nettement creusé à 7,86% du PIB au premier trimestre, faisant craindre un dérapage qui éloigne le pays de l'objectif de 4,5% exigé par ses créanciers d'ici la fin de l'année. "Le déficit des administrations publiques s'est établi au premier trimestre 2012 à 7,86% du PIB trimestriel, non ajusté à la saisonnalité", a indiqué vendredi l'Institut national des statistiques (Ine) dans une note à l'AFP, après avoir annoncé que ce déséquilibre s'élevait à 3,217 milliards d'euros. Sur douze mois, le déficit des administrations publiques s'est creusé à 4,3% du produit intérieur brut (PIB) à la fin mars, contre 4,2% à la fin décembre, en raison d'un recul des recettes des impôts sur la production (-1,7%) et d'une hausse des prestations sociales (+1,2%).
"Le gouvernement réaffirme son engagement par rapport au programme (d'aide internationale) et ses objectifs, mais n'ignore pas qu'il y a davantage de difficultés", a réagi le Premier ministre portugais Pedro Passos Coelho, à l'issue du sommet européen qui s'est conclu vendredi à Bruxelles. Le chef du gouvernement de centre-droit s'est une nouvelle fois dit prêt à prendre de nouvelles mesures d'austérité si elles étaient nécessaires pour garantir le respect des objectifs budgétaires. "Une perte de crédibilité est ce qui pourrait arriver de pire au Portugal", a-t-il dit.
En échange d'un prêt de 78 milliards d'euros, octroyé en mai 2011 par l'Union européenne et le Fonds monétaire international, le Portugal s'est engagé à mettre en oeuvre un vaste plan de rigueur et de réformes sur trois ans. Mais cette cure d'austérité sans précédent doit provoquer cette année une récession de 3% du PIB et un taux de chômage record de 15,5%, selon les prévisions officielles.
Une hausse du chômage largement sous-estiméeLisbonne avait marqué un point en affichant l'an dernier un déficit de 4,2% du PIB, alors que ses créanciers avaient fixé la barre à 5,9%. Mais ce résultat avait été obtenu grâce à des recettes exceptionnelles de près de 6 milliards d'euros, sans lesquelles le déficit se serait élevé à 7,7% du PIB. Les données publiées la semaine dernière sur l'exécution budgétaire de janvier à mai 2012 révélaient déjà une baisse des recettes fiscales de 3,5% et une hausse des dépenses sociales qui, selon l'opposition et nombre d'analystes, font craindre un dérapage des comptes publics.
En dépit d'une hausse de la TVA appliquée à de nombreux produits, les recettes de cet impôt ont par exemple baissé de 2,8% sur les cinq premiers mois de l'année, alors que le gouvernement table sur une hausse annuelle de 11,6%. Sous-estimée par les autorités locales comme par la "troïka" UE-BCE-FMI, la hausse du chômage a en outre provoqué une augmentation des prestations sociales de 23%, contre une prévision de 3,8%. Si les difficultés budgétaires suscitent de nouvelles inquiétudes au plan interne, le Premier ministre portugais s'est félicité de l'accord auquel sont parvenus les dirigeants de la zone euro vendredi, qui a permis une accalmie sur les marchés financiers vis-à-vis de l'Espagne et de l'Italie. "Nous n'avons peut-être pas réglé tous les problèmes de l'Union européenne, mais les conclusions (du sommet) n'ont pas déçu les attentes", a déclaré M. Passos Coelho, jugeant qu'elles aideront le Portugal à se refinancer normalement à partir de septembre 2013, comme le prévoit son plan d'aide.