• Espagne, Grèce, Chypre au coeur de l'Eurogroupe

    La réunion des ministres des Finances de la zone euro, jeudi à Luxembourg, sera décisive pour les trois pays en crise.

    Le Point.fr

    "L'un des eurogroupes les plus importants depuis bien longtemps." C'est ainsi qu'une source haut placée à la Commission européenne qualifie la réunion des ministres des Finances de la zone euro, qui se tient jeudi à Luxembourg, en principe l'après-midi et le soir. Mais, compte tenu de l'agenda, une prolongation nocturne est plus que probable. Pas d'état de grâce ni de période d'acclimatation pour le nouveau venu, Pierre Moscovici...

    C'est jeudi, en effet, que l'Espagne devrait demander officiellement l'aide de l'Union européenne pour ses banques. Le 9 juin dernier, ses partenaires avaient pris les devants en se déclarant prêts à débloquer jusqu'à 100 milliards d'euros pour renflouer les établissements financiers de la péninsule, sur le point de s'écrouler. Avec ce geste, les Européens espéraient enrayer la défiance des marchés qui se détournaient de Madrid, faisant s'envoler les taux de financement du pays. En vain... Les taux d'emprunt de l'Espagne ont continué à s'envoler, pour dépasser les 7 % en début de semaine. Le prochain test est justement prévu jeudi. Madrid veut emprunter entre un et deux milliards d'euros.

    La facture espagnole

    Mais les investisseurs ne se contentent pas de cette enveloppe globale et floue annoncée par l'Europe. Ils attendent des précisions : quelle institution prêtera l'argent, à quel taux, avec quels privilèges sur les créanciers privés en cas de difficulté à rembourser, etc. Des questions techniques a priori, mais les réponses sont la condition sine qua non pour une accalmie durable. "Début juin, on a mis en place un filet de sécurité pour dire aux marchés calmez-vous ! Mais l'incertitude demeure. Les marchés restent nerveux, et ça se comprend", reconnaît un diplomate.

    Le ministre des Finances espagnol, Luis de Guindos, devrait donc arriver à la réunion à Luxembourg avec, dans son cartable, au moins un des deux audits indépendants sur l'état des banques espagnoles, ce qui définira l'ampleur de la facture pour leur sauvetage. L'exercice est difficile. Car les bilans des banques sont plombés par l'écroulement du marché immobilier. Combien vaut une maison ? Faut-il l'évaluer au prix actuel, d'hier, de construction ? Autant de questions qui font bouger l'aiguille de la balance. Selon diverses sources, les besoins minimums devraient osciller entre 60 et 80 milliards d'euros.

    La bataille d'Athènes

    Cette discussion devrait suffire à remplir la réunion. Mais il faudra compter avec Chypre, qui envisage aussi de demander de l'aide pour ses banques. On évoque une enveloppe de quelques milliards d'euros. Surtout, l'Eurogroupe sera, une fois encore, le théâtre de nouvelles discussions sur la Grèce. Le nouveau gouvernement de coalition nationale arrive à Luxembourg avec la ferme intention de renégocier les conditions du plan de sauvetage, afin de desserrer le garrot de l'austérité imposée par les partenaires européens et le FMI, en échange d'une aide financière massive.

    Le gouvernement Samaras devrait réclamer plus de temps pour revenir dans les clous de la rigueur budgétaire, la suppression de mesures d'économies drastiques sur les retraites et visant des catégories de population fragile ainsi qu'un étalement de la perception de nouveaux impôts, dont une taxe foncière exceptionnelle. Les experts savent que la crise politique de ces derniers mois, ajoutée au manque de volonté des élites grecques de réformer le pays, lui a fait prendre du retard sur la feuille de route tracée par ses créanciers. Mais les dirigeants européens sont divisés sur l'ampleur des ajustements à concéder à Athènes.

    D'ici à la fin juin, "la Grèce va livrer une grande bataille pour réviser l'accord de prêt", a lancé d'un air martial le dirigeant socialiste, Evangélos Vénizélos. Cette bataille commence à Luxembourg. Elle se terminera au sommet européen des 28 et 29 juin.


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